Histoire de langues

Publié le par elenie

Introduction :

 

L’origine et l’histoire des langues ont toujours suscité l’intérêt des penseurs. De nombreux mythes tendent à donner aux langues une origine divine ou supranaturelle (Tour de Babel, Hermès, ...). La langue unique des origines aurait ainsi été divisée en une multitude pour apporter la discorde entre les hommes.

Pour éviter les querelles stériles et les thèses farfelues, la Société de linguistique de Paris avait en 1865 informé ses membres dans ses règlements qu'elle ne recevrait plus « aucune communication concernant [...] l'origine du langage ».

Bien que les langues existantes diffèrent les unes des autres par l'étendue et les thèmes de leur lexique, toutes les langues naturelles possèdent une grammaire et une syntaxe permettant l'invention, la traduction, voire l'emprunt à d'autres langues du vocabulaire nécessaire à l'expression des pensées et des réflexions de leurs locuteurs. On appelle ce type de langage le langage naturel.

De nos jours, la discipline scientifique ayant pour objet l'étude de l'histoire et de l'évolution des langues est la linguistique comparée.

Apparition du langage articulé :

 

Avant même l’origine des langues, celle du langage est une question polymorphe trop souvent réduite à la simple mutation d’un gène, en l’occurrence FoxP2, dont on sait que la substitution d’un seul de ses 715 acides aminés entraîne de sérieuses pathologies affectant la phonation et, plus généralement, la forme du larynx. Ce gène est, en raison même du caractère sensible de ses mutations, demeuré d’une remarquable stabilité au cours de l’évolution, la séquence de la protéine humaine ne différant que pour deux acides aminés (sur 715) de celle des chimpanzés, des gorilles et des macaques rhésus, et pour un acide aminé supplémentaire avec la souris. La mutation du gène FoxP2 intervenue chez Homo sapiens il y a cent à deux cent mille ans a donc certainement dû être déterminante, mais s’est inscrite dans une dynamique d’évolution commencée plusieurs millions d’années auparavant.

 

Du point de vue paléontologique :

 

C’est l'Homo habilis, il y a plus de deux millions d’années, qui pourrait être le plus ancien préhumain à avoir employé un langage articulé, ce qui ne signifie pas pour autant que cet hominidé usât d’un langage comparable au nôtre. On suppose la préexistence d’une proto-langue chantée par la race de l'homme de Néandertal (the singing Neandertal), qui, au niveau de connaissance actuelle, ne possédait pas de syntaxe.

La morphologie du crâne d’H. habilis, marquée par l’apparition d’une flexure antéropostérieure jusqu’alors absente chez les Australopithèques, conduisait en effet à l’expansion des zones cérébrales impliquées aujourd’hui dans le langage articulé : Par ailleurs, le redressement du crâne chez l'H. habilis abaissait les voies aériennes supérieures, pharynx et larynx (d’où l’apparition d’une pomme d'Adam), ce qui était une condition nécessaire pour pouvoir moduler la vocalisation et augmentait la hauteur de la voûte du palais, permettant à la langue d’articuler une plus large gamme de sons. Apparues avec le genre Homo, ces caractéristiques allaient se renforcer nettement par la suite, notamment chez l’espèce Homo erectus : au-delà de la bipédie, il se serait agi en fait d’une adaptation à la course à pieds pour permettre de mieux contrôler son souffle, en même temps que l’élargissement du thorax pour renforcer la respiration et, sans doute, la perte de la majeure partie des poils pour réguler la température corporelle pendant l’effort.

Il est possible que ces capacités physiologiques aient permis l’essor d’une communication orale à la complexité croissante, permettant aux populations de l’H. habilis d’organiser leurs communautés en régulant leurs activités quotidiennes. L'Homo habilis est en effet le premier hominidé pour lequel on met en évidence une organisation sociale structurée (campements, outils, habitats et sans aucun doute spécialisation des individus).

Ultérieurement il faut noter que l’augmentation de la masse de l’encéphale, continue de l’Homo erectus à l’Homo sapiens a été un point clefs dans la maturation du langage. Lors du passage à l'Homo Sapiens sont apparues des aires de Broca sur une circonvolution frontale gauche, et de Wernicke sur une circonvolution temporale gauche qui ont suivi la mutation génétique d’un gène, ou peut être plus, dominant, dit de la parole FOXP2 (+…) qui a donné la capacité de l’homme de passer des mots à la syntaxe (ce facteur n’est pas suffisant en lui-même car il existe chez d’autres espèces sans donner naissance à la parole) ; il faut mentionner que ce(s) gène(s) serai(en)t à l’origine (voir à ce sujet la théorie de Jean-Pierre Changeux) de la maturation de ces deux zones – Broca et Wernicke.

Il y a deux scénarios d’apparition de l’Homo sapiens, le scénario « Out of Africa » et un scénario pluri centripète (polygenèse), mais les recherches récentes en paléo linguistique ont identifié un fond de 27 mots communs à la racine de toutes les langues terrestre écrites au début du 21° siècle, ce qui pousse à favoriser le scénario « Out of Africa » (monogenèse), en effet, plusieurs sources n’auraient pas eu de raison d’adopter la même proto langue de départ.

Enfin l’Homo sapiens a dominé le monde, soit du fait de l’hypothèse productiviste, soit du fait de l’hypothèse sociologique.

 

Pour aller plus loin :

 

Le langage pourrait avoir de multiples origines, les aires cérébrales du langages étant proches de celles mobilisées pour le travail manuel de précision (ce qui induit un codéveloppement des facultés langagières et manufacturières du genre humain) tandis que l’articulation de sons est par ailleurs souvent corrélée de façon réflexe à des mouvements du corps (à l’effort ou sous l’effet de la surprise, notamment) ; la perception de ces sons pouvait en retour être affinée par le développement du cerveau humain, libéré par la bipédie des limitations d’encombrement et de poids puisqu’il était désormais littéralement « posé » sur la colonne vertébrale, ce qui permettait de charger de sens ces sons nouveaux que la nouvelle morphologie crânienne d’H. habilis permettait de produire. D’un point de vue neurologique, le développement du langage semble provenir des mécanismes de reconnaissance du comportement, de la gestuelle et de l’action d’autrui.

 

Le comportement des vervets fournit une excellente illustration de ces notions. Il s’agit de singes verts au sujet desquels on a pu montrer dès les années 1970, alors qu’ils étaient captifs dans une réserve du Kenya, qu’ils étaient capables de moduler leur cri d’alerte afin d’induire des stratégies défensives appropriées : s’enfoncer dans la végétation à l’approche d’un aigle, au contraire grimper le plus haut possible à l’approche d’un léopard, ou encore scruter le sol avec attention pour choisir le bon arbre à l’approche d’un python ; on notera que la sémantique de ces cris n’est pas innée mais est enseignée aux jeunes singes par leurs parents.

C’est ce type de communication, qui devait sans doute exister chez les Australopithèques et même leurs prédécesseurs, qui a dû se développer sensiblement chez H. habilis pour lui permettre d’organiser ses activités collectives : il y avait donc certainement communication sans pour autant qu’il y ait nécessairement langage.

Les différentes phases du langage :

 

 

L'école de linguistique de l'Azerbaïdjan estime que le mécanisme de l'émergence du langage moderne complexe est identique à celui du mécanisme de l'évolution de l'écriture. De la même façon que le développement de l'écriture est passé par les étapes suivantes :

 

Phase I: Graphème = phrase (écriture pictographique);
Phase II: Graphème = mot ou une syntagme (écriture idéographique);
Phase III: Graphème = syllabe (écriture syllabique);
Phase IV:: Graphème = son (écriture phonétique)
le langage a évolué par les étapes similaires :

Phase I: Phonème = phrase (langue pictographique);
Phase II: Phonème = mot ou une syntagme (langue idéographique);
Phase III: Phonème = syllabe (langue syllabique);
Phase IV: Phonème = son (langue phonétique).
Autrement dit, un cri a désigné en premier une phrase entière, puis seulement une partie de la phrase, et enfin une partie d'un mot.

Pourquoi les singes ne parlent-ils pas comme nous ?

 

Nous partageons, avec les chimpanzés, 99% de notre patrimoine génétique. Ce petit pourcent de différence nous démarque pourtant nettement : nous possédons la parole, eux pas. Petite leçon d'anatomie.

 

Parler, ce n'est pas seulement bouger les lèvres. Cette activité nécessite un appareillage anatomique complexe appelé appareil phonatoire. Il est formé des poumons, de muscles, du larynx, du pharynx, des fosses nasales, des cordes vocales, du voile du palais, de la langue et des lèvres ! Chez les singes, cet appareil est complet… mais incapable de produire le moindre mot.

 

Un larynx mal placé

 
En effet, chez ces animaux, le larynx est situé trop haut. Ce léger décalage n'est pas sans conséquence. Car cet organe est le principal élément de l'appareil phonatoire, c'est lui le producteur de sons.

Véritable instrument de musique, il est formé d'une charpente cartilagineuse recouverte d'une muqueuse dont les replis forment les cordes vocales. Le tout est situé sur le trajet de l'air, entre la soufflerie qui commande l'expiration, les poumons, et les cavités de résonance qui moduleront le son.

De la position du larynx dépend donc la capacité à articuler. Chez l'humain par exemple, il est en position haute chez le bébé, et descend progressivement à partir de 4 mois et jusqu'à l'âge adulte. Grâce à cet abaissement apparaît une cavité : la cavité pharyngée, délimitée par le dos de la langue.

Le larynx de l'homme (en violet à gauche), en position basse, lui permettrait de produire et moduler davantage de sons que celui du chimpanzé (en violet à droite), situé plus haut dans le cou. Cette différence explique en partie pourquoi les singes ne parlent pas.
Source: Hominides.com

Des "caisses de résonances" trop petites

 
Chez les grands singes, nos plus proches cousins, le larynx ne connaît que la position haute, même à l'âge adulte : il est situé presque au même niveau que la langue, et débouche immédiatement dans les cavités nasales. Par conséquent, leur cavité pharyngée n'est pas assez volumineuse. La gorge des singes ne peut donc pas donner toute leurs amplitudes et leurs contrastes aux sons émis par les cordes vocales. Bref, les possibilités vocales des singes sont inférieures à celles d'un bébé de 3 mois !

Un exemple ? Pour produire les 3 voyelles cardinales i, u et a (les autres voyelles sont comprises entre ces 3 voyelles), il faut que les vibrations des cordes vocales soient filtrées par deux résonateurs : la cavité bucco pharyngée et la cavité laryngée. Cette dernière étant pratiquement inexistante chez les singes, elle ne permet pas de produire, de manière stable, les voyelles cardinales des langues humaines. Bref, si les singes ne parlent pas, c'est en partie parce qu'ils ne possèdent pas les outils anatomiques adéquats.

 

Incapacité cognitive

 
Cependant, des travaux ont montré que les larynx hauts ne sont pas si handicapants. D'ailleurs, la position haute du larynx chez les bébés humains ne les empêche pas, dès l'âge de 4 mois, d'imiter certaines voyelles. Ni de commencer à produire des mots, quelques mois plus tard, alors que leur larynx est encore haut dans le cou. La cause de l' incapacité à parler des singes se situerait donc aussi ailleurs : du côté des capacités cognitives nécessaires à la maîtrise du langage.

D'ailleurs, on n'est jamais parvenu à apprendre un vrai langage des signes à ces animaux. Même si les chimpanzés, en captivité, parviennent à mémoriser 250 signes et symboles, et à s'en servir pour "discuter" avec leur maître, ces conversations restent limitées. On n'a jamais vu de singe raconter des histoires...

 

Néanmoins, même si ceux-ci ne parlent pas comme nous, les singes sont capables de communiquer avec des phrases entre eux.


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Publié dans société

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